dimanche 21 décembre 2008

"Etre Agile" ou "Faire de l'Agile" ?

Cette question revient souvent sur le tapis. Elle peut paraître dénuée d'intérêt de prime abord, mais je trouve qu'elle résume à merveille le bouleversement silencieux que peut représenter l'Agilité. Pour illustrer mes propos, j'en veux pour preuve les fondements du manifeste Agile; vous n'y trouverez aucune solution toute faite, pas de processus, pas d'outils non plus... vous y trouverez tout simplement des VALEURS.

Il est vrai toutefois que ces valeurs peuvent se décliner dans les différentes activités de l'entreprise qui développe du soft: pratiques d'ingénierie, gestion des tests, gestion de projets, analyse du besoin, etc.. il en résulte bien évidemment des outils, des méthodes (comme Scrum), des pratiques (comme celles d'eXtreme Programming) et bien d'autres choses, mais n'attendez pas de pouvoir simplement réutiliser clef en main ce qui marche ici pour l'implémenter là-bas. L'histoire des constructeurs automobiles américains copiant en vain les procédés de Toyota (approche Lean) montre que les richesses d'une entreprise sont parfois invisibles, trop subtiles pour être photographiées. Une culture, un état d'esprit, ça prend un certain temps pour se construire. Aussi, n'attendez pas des résultats immédiats, mais préparez vous à investir aujourd'hui pour demain.

L'Agilité est donc à mon sens plus un savoir-être qu'un savoir-faire. Ce savoir-être peut nécessiter une révolution des mœurs dans l'entreprise! Il faut s'attendre à pas mal de résistance dans les situations suivantes:
  • les chefs de projets n'affectent plus les tâches quotidiennes des équipes
  • les décisions d'architecture sont prises par les équipes
  • les managers communiquent sur les comportements attendus et les valeurs au lieu du règlement et des procédures
  • les équipes décident par elles-mêmes si une personne devrait être "sortie" du projet
  • les évaluations individuelles s'appuient sur une évaluation par ses propres collaborateurs
  • l'entreprise développe les motivations et les talents des collaborateurs
  • les relations d'autorité sont remplacées par de la collaboration gagnant/gagnant
  • toute l'information disponible de l'entreprise est accessible par tous
Cela vous parait-il ubuesque, démagogique, inapplicable? Ben, j'aime les débats qui pourraient survenir! Attention, je ne cherche pas à dire que l'Agilité est la panacée à tous les maux; je ne dis pas non plus que l'Agilité est meilleure qu'une autre démarche. Je veux juste mettre en garde sur ses conséquences sur l'entreprise, en terme de management, c'est à dire au niveau de la gestion des hommes. Ce management conscient des valeurs (qu'elles soient ou non celles de l'agile) offre - quand il existe l'avantage de pouvoir aligner les forces de l'entreprise dans un même effort.

Beaucoup de courants de pensée (en dehors du développement logiciel) alliant performance, humanisme et écologie m'incite à croire que la complexité grandissante de notre monde nous condamne à nous remettre en question un peu plus chaque jour ;-)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

100% d'accord avec toi Manu, "Etre Agile" est une posture qui s'assimile avec le temps (besoin de maturité), mais qui permet d'être beaucoup plus productif que le "Faire Agile" ou les méthodes traditionnelles.
Un outil comme le Scrum Nokia Test permet de différencier le Faire du Etre, et de plus il est très facile à implémenter, une idée pour ceux qui se demanderaient s'ils Font ou Sont agile.

Emmanuel CHENU a dit…

D'ailleurs, les conflits qui naissent autour d'une équipe agile dans une organisation sont parfois un symptôme révélant que l'organisation n'est pas alignée avec les valeurs de l'équipe agile.

Et là, on évalue avec humilité la marche à passer ;o)

Je pense que ceux qui font de l'agile ne se confrontent pas forcément à de tels conflits. Par contre, ceux qui essayent d'être agiles s'attaquent systématiquement aux problèmes, quitte à finir par plier par humilité et par réalisme.